Bonjour,
Nul doute que Moodle a toute sa place dans le secondaire aussi.
Pour ma part, cela fait trois ans que je travaille sur Moodle dans le cadre des mathématiques en collège.
Il me semble ceci dit capital de ne pas perdre de vue d'une part que Moodle procède d'une réflexion pédagogique particulière qui peut (doit ?) être adaptée à nos enseignements.
Par exemple, pour prendre une fonction basique de Moodle, à savoir la possibilité d'offrir des ressources téléchargeables aux élèves, cette possibilité est-elle réellement adaptée à des élèves de 11 à 15 ans ? (moins enclins que des étudiants au travail autonome à partir de telles ressources téléchargées). A quels contenus ce type de documents à
télécharger est-il le mieux adapté ? Faut-il assortir l'exploitation par les élèves de ces documents téléchargés, d'une évaluation ou au tout du moins d'une visée systématique par l'enseignant ? etc.
D'autre part, si Moodle pourvoit des outils pédagogiques remarquables, le travail didactique incombe nécessairement encore et toujours (et c'est heureux) à l'enseignant.
Cela est bon je crois à rappeler car il existe aussi un risque à se laisser par trop guider par l'outil Moodle et à oublier du coup ce nécessaire travail didactique.
Pour le dire simplement, un q.c.m. réalisé sous Moodle, par exemple, a une valeur pédagogique fixe (excellente évaluation formative ; réflexion à mener par l'enseignant sur les formulations "types" de questions, sur la nature des réponses offertes au choix, etc.).
Pour autant, l'application du q.c.m "tel quel" à toute notion est absurde : par exemple évaluer la compétence des élèves "
résoudre une équation à une inconnue du premier degré (en classe de quatrième nouveaux programmes)" demande un travail didactique spécifique sur le q.c.m.
De même est-il adapté de réaliser un q.c.m. sur les priorités de calcul (classes de cinquième) en vue d'une exploitaion seulement à la maison par les élèves sachant que ceux-ci peuvent avoir recours à la calculatrice ? Ne doit-on pas limiter l'exploitation d'un tel q.c.m. à des séances en salle informatique en présence de l'enseignant ? etc.
L'évaluation des apprentissages en géométrie est à lui seul un énorme chantier de réflexion (problème technique :
intégration des outils de géométrie dynamique à Moodle ; problème pédagogique : évaluation des tracés réalisés par les élèves ; problème didactique : évaluation des démonstrations, automatisation de l'évaluation impossible ? Nécessité de recourir à la réponse en texte libre ? etc.)
Pour en revenir au second aspect du
post initial, à savoir décharger les enseignants de la partie "technique" et bien... il y a du travail pour dire le moins.
Encore aujourd'hui lorsque je parle de plateforme d'enseignement à distance je passe fréquemment pour un extra-terrestre complet. Alors même que l'on exhibe en vitrine B2i et TICE.
La question de l'hébergement souvent abordée ici même est cruciale : difficile d'obtenir des informations précises, offre techniquement mal adaptée (à titre d'exemple je bénéficie d'un hébergement académique en "safe mode on" (blocage donc du filte LaTex de Moodle, un rien problématique lorsque l'on enseigne les mathématiques), et où tourne une version de MySQL vieille de... sept ans, jamais mise à jour, ce qui bloque par exemple toute possibilité d'évolution vers des versions récentes de Moodle).
En revanche si je soulève le problème du financement (à ce jour trois ans de travail et pédagogique, et technique donc, menés seul et totalement bénévolement en sus du travail "normal" à côté) alors là le discours s'inverse (rectorat et conseil régional) au nom de ce que les TICE vont de soi en somme.
Bien entendu.
La formation ? Même combat.
Après tout, monter une formation autour de Moodle auprès de collègues me paraissait une bonne idée, et ce afin de leur faire bénéficier des erreurs tirées de ma propre expérience, mais aussi de mener une réflexion disciplinaire et interdisciplinaire en commun, de mutualiser aussi une partie du travail pourquoi pas.
Ai donc regardé les appels à candidature pour monter de telles formations : alors il est demandé de ne les réaliser qu'en heures supplémentaires, et encore plafonnées...bref, peut-être, qu'éventuellement, quelque chose comme... 400 euros tout compris. Peut-être hein...
Dissuasif, vous avez dit dissuasif ?
Cordialement,
D.BODIN