Travail en groupe

Travail en groupe

par Étienne Rozé,
Nombre de réponses : 3
Bonjour,

Ont été évoqués récemment les difficultés des étudiants d'utiliser le wiki. Je voudrais plus généralement évoquer la difficulté d'organiser une travail en groupe ( asynchrone) . Le schéma est celui d'un travail en groupe comme en présentiel : le groupe doit produire ensemble un document qui répond à des consignes ( pour faire vraiment très général).
Les outils techniques ne manquent pas : forum, wiki, devoir en groupe... Leurs prise en main par les étudiants n'est qu'une partie du problème. Une autre est la "dispersion" de ces différents outils ( discuter dans le forum puis modifier dans le wiki) C'est l'aspect ergonomique. Enfin, la partie dynamique de groupe (envie de travailler ensemble, désignation d'un rapporteur si besoin) , qui n'est pas mince... Peut-être aussi d'autres aspects...
Les résultats mitigés ont donc des causes difficiles à analyser.
Nous avons essayé différentes configurations : forum + devoir ( avec un rapporteur à désigner par le groupe), forum + wiki,...
Même si il est prévisible à chaque fois que seule une partie des étudiants s'investisse vraiment ( comme en présentiel d'ailleurs), le résultat nous apparait souvent décevant.
Je vous raconte tout cela pour, en retour, savoir si vous rencontrez vous même de telles difficultés, si vous avez des trucs, des expériences plutôt réussi de travail en groupe...
Qu'en dites vous ?




Moyenne des évaluations  -
En réponse à Étienne Rozé

Re: Travail en groupe

par Valery Fremaux,

J'observe en effet le même type de difficultés, toutes souvent liées à l'horizon de projection de l'étudiant sur le résultat du travail.

Lorsqu'on observe les différentes communautés asynchrones qui produisent des résultats remarquables , c'est en général parce qu'il y a un consensus fort sur l'objectif. La qualité de production est atteinte car il y a un commun accord (parfois même allant-de-soi, c'est à dire pas nécessairement conscientisé ni exprimé) sur la nature et le niveau de l'objectif. C'est en gros ce qui se passe sur Moodle. Même si nous n'avons pas tous les mêmes facilités pour produire du code ou des fonctionnalités, nous avons tous plus ou moins adhéré à "l'idéal" de ce que représente et de ce que devrait être Moodle. Il y a synchronisation par l'objectif, bien que nous travaillons tous (les développeurs et adaptateurs) par des chemins et des outils hautement asynchrones.

Une alternative à cela serait une synchronisation par le "process". En utilisant une méthodologie très stricte, on pourrait attendre à ce que le produit, même réalisé de manière asynchrone atteigne un certain niveau d'acceptabilité. Le problème du pilotage par le "process" est que souvent, l'objectif n'est pas démontré avant l'exécution de la tâche par les étudiants. Du coup, les étudiants ont la méthodologie, mais aucun exemple sur lequel s'appuyer pour savoir si la méthodologie est appliquée avec succès ou non.

Enfin, pour reprendre l'idée de l'horizon, nous projettons tous notre action dans un certain horizon de temps. L'enjeu décroit avec la distance de la projection, mais pas toujours de la façon qu'on croit (un objectif lointain n'a pas nécessairement moins de sens qu'un objectif proche). Un objectif trop proche et à trop court terme pose un problème de pertinence de l'action. Or les étudiants ont souvent des exercices ou projets dont l'horizon d'investissement (j'utiliserai plutôt un terme anglais que me paraît mieux coller au concept : "horizon of concern") est trop court, sans intérêt pour la suite et donc peu "investissant", même si ponctuellement l'intérêt "immédiat" peut exister.

En somme, il ne suffit pas d'utiiser des nouvelles méthodes innovantes pour mobiliser l'action et convaincre de la réaliser avec engagement. Il faut inscrire ces actions dans un scénario suffisamment puissant pour pénêtrer la quotidienneté des étudiants.  

Moyenne des évaluations Utile (1)
En réponse à Étienne Rozé

Re: Travail en groupe

par Jean Michel Massu,
Bonjour Etienne,

Rassures toi (est ce rassurant de rassurer les gens ?) nous avons le même problème concernant notre formation de formateurs à la conduite de projet de FOAD. Je suis heureux que ce type de question apparaisse sur le Forum de Moodle et cela va bien dans le sens de ce qu’a proposé Fred Quay lors du dernier Moodlemoot, à savoir l’interrogation sur nos pratiques pédagogiques (avec ou sans Moodle) notamment dans le cadre de formation à distance. En ce qui nous concerne, le travail s’effectue à travers plusieurs sous groupe de 4 à 6 personnes, chaque sous-groupe ayant un travail commun à rendre. Devant les difficultés des apprenants à travailler collectivement au sein de leur équipe et suite à quelques lectures quebecoises, nous nous sommes appuyés sur le fait qu’une des difficultés en FOAD est de ne pouvoir évaluer aisément pour chaque apprenant l’état d’avancement du travail de ses congénères…ceci impliquant une forme d’isolement participant à une certaine passivité en terme d’implication. Car on le sait, et notre propre expérience scolaire est là pour nous le rappeler, la compétition participe aussi à la motivation pour apprendre…nous avons donc mis au point un outil en ligne que chaque sous groupe peut renseigner pour informer sur l’avancement de son travail (la couleur bleu représentent le travail rendu et la couleurs marron le travail corrigé par le formateur). Ce n’est pas une révolution, mais entre coopération et compétition : l’idée d’un tableau de bord « coopétitif » a favorisé la production.

Cordialement

Jean Michel Massu
apprendreladistance.com
Annexe ScreenShot024.jpg
Moyenne des évaluations Utile (1)
En réponse à Étienne Rozé

Re: Travail en groupe

par Fred Quay,
Bonjour à tous,

Je vais rapporter des observations sur une dispositif que j'ai mis en oeuvre dans une classe d'élèves de 9 à 10 ans au primaire. Il s'agissait de rechercher collectivement les réponses à un défi internet, de collecter les informations trouvées pour les envoyer à leur destinataire, l'organisateur du concours.
On a commencé par un forum, chaque fil étant sensé correspondre à une question, et nous avons échoué l'objectif. toutes les questions n'étaient pas traitées. La participation s'est effilochée par désorientation. J'aurais dû rédiger les messages initiaux et interdire toute autre contribution que des réponses. Fixer le cadre.

On a ensuite utilisé le wiki primitif de Moodle, et il nous a semblé essentiel de préparer au préalable un sommaire sous forme de tableau, récapitulant toutes les questions en jeu, dont les cellules pointant sur une page de résultats. Cela a favorisé l'objectif, mais pas la participation, qui est restée inégale en fonction de l'(in)appétence des élèves pour le thème ou l'outil ou le travail sourire. S'agissant du wiki, nous ne maîtrisons pas les historiques et les contributions multiples, s'il les gère. C'est pénalisant pour dynamiser les participations contradictoires : "il a répondu cela mais je ne suis pas d'accord"...

J'ai introduit un second wiki distinct du premier, centré sur l'apprenant, chaque contribution étant visible et séparée. L'objectif de ce wiki étant d'inviter les apprenants à exposer leurs recherches personnelles, menées à leur initiative sur le thème, indépendamment de leur contribution au collectif. Contribution non exigée impérativement, mais rémunérée d'une évaluation additionnelle si production positive. Un tiers a produit.

En conclusion de cette superficielle contribution, je peux analyser que :
la contribution de l'enseignant est essentielle pour relancer, quel que soit le dispositif ou l'outil.
l'expérience de l'enseignant sur les outils électroniques de médiation est à construire à long terme, en remettant sur le métier notre ouvrage, en faisant varier les paramètres, au fur et à mesure des situations que nous générons et des leçons que nous en tirons.
L'incitation par l'intérêt des élèves à la tâche, à l'outil (en primaire certains élèves acceptent n'importe quelle tâche pourvu que ce soit sur l'ordinateur, alors que d'autres y répugnent de par une interface frustrante), produit des contributions très hétérogènes, comme l'incitation par la note additionnelle, dont certains se désintéressent alors que d'autres en tirent beaucoup de motivation.

C'était l'an dernier. Cette année, dans une classe dont la moitié des effectifs sont encore présents, et l'autre moitié, les plus jeunes, connaît l'existence du site pour les devoirs que nous y rédigeons, et les messages instantanés qu'ils ont utilisé l'an dernier (en passagers clandestins), pour décompresser et tester notre motivation collective, je n'ai pas encore relancé de projet sur le site. Il y a eu deux contributions sur le forum du conseil pour proposer la création d'un journal de classe. Pas de demandes autres. Les messages instantanés n'ont pas été réactivés non plus. Alors même que le site est visible tous les jours sur le tableau blanc interactif de la classe pour y afficher les devoirs, prendre rendez-vous avec l'enseignant pour des présentations de compte-rendu...
Je n'ai plus généré d'impératif, il n'y a plus de contribution, seulement des consultations.
En période 2, je vais lancer un projet de travail entre deux classes de deux établissements éloignés, mobilisant le site.
J'observerai si les élèves sollicités à la marge, réinvestissent la plateforme.
Moyenne des évaluations Utile (1)