Les aspects financiers/organisationnels d'une Formation ENTIEREMENT à Distance

Les aspects financiers/organisationnels d'une Formation ENTIEREMENT à Distance

par Anne-Sophie Niklikowski,
Nombre de réponses : 11
Bonjour,

Nous aimerions mettre en ligne sur Moodle un Master FLE entièrement en ligne.

Nous avons une petite expérience d'accompagnement aux cours en présentiel, 99% des cours sur notre Moodle... mais des tas de questions se posent pour la transposition d'une formation entièrement à distance (questions d'organisation, mais également financières : que faire payer ? Frais d'inscription simples ou frais supplémentaires? Comment "quantifier les heures" ? Le tutorat ? etc.).

Je précise que, comme souvent, ce n'est pas pour dans 2 ans mais pour la rentrée de septembre 2008 !

Je souhaiterais me rapprocher de personnes ayant déjà eu à monter ce genre de projets pour partir sur de bonnes bases et se poser les bonnes questions.

Si cela vous interpelle, merci de faire signe sourire

Cordialement,
Anne-Sophie NIKLIKOWSKI


Moyenne des évaluations  -
En réponse à Anne-Sophie Niklikowski

Re: Les aspects financiers/organisationnels d'une Formation ENTIEREMENT à Distance

par Valery Fremaux,

Bonjour Anne-Sophie, nous sommes actuellement sur le même projet, avec le développement d'une offre de Mastères et Masters entièrement en ligne, avec les mêmes questions.

Le seul problème pour en discuter est que je ne sais pas exactement ce que j'ai le "droit" de dire ou non. Nous sommes sur des sujets hautement concurrentiels qui peuvent poser un problème "stratégique". Je ne suis chargé que de la partie "mise en oeuvre technique et logistique techno-pédagogique" de l'ensemble de plates-formes qui soutiendront ce dispositif. Envoie moi un message par la messagerie, je pourrai te communiquer le contact de la personne qui construit ce dispositif chez nous, au niveau financier et business model. Je pense que c'est le seul à être "habilité" à répondre (ou pas...) à certaines de tes questions.  

En réponse à Valery Fremaux

Re: Les aspects financiers/organisationnels d'une Formation ENTIEREMENT à Distance

par Anne-Sophie Niklikowski,
Bonjour Valéry,

je comprends ta retenue, j'avais moi-même un doute quant au fait de poster un message sur le forum sourire
Merci pour ta réponse, je te contacte en privé.

Anne-Sophie.
En réponse à Anne-Sophie Niklikowski

Re: Les aspects financiers/organisationnels d'une Formation ENTIEREMENT à Distance

par Étienne Rozé,
Pareil que Valery.
En réponse à Étienne Rozé

Re: Les aspects financiers/organisationnels d'une Formation ENTIEREMENT à Distance

par Daniel Méthot,
Avatar Moodleurs particulièrement utiles
Bonjour,

En tout cas, votre début de discussion confirme bien qu'il serait grand temps que le "mammouth" se réveille et je constate avec plaisir que des instigateurs et instigatrices de cette évolution sont des membres éminents de notre communauté, ce qui ne me surprend finalement pas du tout sourire

Pour les autres, ceux qui gardent leurs "petits cours" bien rangés dans leur serviette, et "rentabilisent leur investissement initial", comme ils disent...certains réveils risquent d'être difficiles !

" Soyons réalistes, demandons l'impossible ! "

Papy Dany


En réponse à Daniel Méthot

Re: Les aspects financiers/organisationnels d'une Formation ENTIEREMENT à Distance

par Valery Fremaux,

Oui Daniel, il existe effectivement une mutation probable et inexorable (du moins dans certains contextes "industriels" de l'éducation, ce qui pourrait être le cas de l'EN) par laquelle la fonction d'enseignant --- c'est-à-dire, à terme, de médiateur sur un ensemble plus ou moins normalisé de connaissances et de compétences) --- et celle de "l'ingénieur pédagogique" ou producteur de "dispositifs de connaissance et d'apprentissage" vont se dissocier fortement.

L'enseignant reste encore dans de nombreux cas dans une situation quasi artisanale, fabriquant lui-même ses supports, ses tests, ses évaluations ses présentations de connaissances. Nombreuses sont les tentations (et tentatives) de normaliser et de factoriser ces productions, au prix d'une encore plus grande uniformité du système pédagogique, et donc d'une encore plus grande incapacité à traiter les profils particuliers ou à développer des profils autonomes.

Les réflexions sur les masters on-line sortent de cette logique historique en posant pragmatiquement le problème de la différence entre le détenteur de connaissance (le professeur, le spécialiste, l'expert, parfois même pédagogue diabolique) et le designer de "systèmes à apprendre", une sorte de super-bibliothécaire, programmeur d'activités pédagogiques, concepteur d'interfaces pédagogiques, de volumes de ressources parfois concepteur graphique ou multimédia, accumulant des compétences de "production" "multimédia" dépassant largement celles que toute la bonne volonté des enseignants peuvent constituer, même les plus actifs d'entre nous, même ici dans notre communauté.

A terme, il est difficile de penser que les deux fonctions puissent demeurer confondues, sauf à titre expérimental ou très local.

Le problème alors de la situation du détenteur de connaissance se pose : s'il fournit la matière première (connaissances, procédés didactiques, objectifs, rédactionnet et iconographie), quel est alors le changement de son statut au regard de l'acte pédagogique lui-même ? Ne devient-il pas un "auteur" plus qu'un "intervenant". A ce moment-là, quel statut doit il avoir par rapport à la distribution automatisée et industrialisable de son programme de cours.

Ces réflexions sont en cours chez nous, où un modèle de rémunération pose des difficultés à construire, à mi-chemin entre les modèles anciens de vacations et les modèles de l'édition (disque ou livre). Le problème du statut des établissements d'enseignent est également problématique : ne deviennent-ils pas éditeurs "de fait", voir "diffuseurs" au sens média du terme ? Avec quelles conséquences juridiques et réglementaires ? 

En réponse à Valery Fremaux

Re: Les aspects financiers/organisationnels d'une Formation ENTIEREMENT à Distance

par Joseph Rézeau,
Avatar Développeurs Avatar Développeurs de plugins Avatar Moodleurs particulièrement utiles Avatar Testeurs Avatar Traducteurs

Ce fil de discussion évoque des problèmes récurrents dans les milieux de l'enseignement à distance, problèmes souvent posés mais souvent évacués ou résolus au coup par coup localement et de manière pas forcément satisfaisante pour les partenaires impliqués.

Valery emploie des termes qui feront "frémir" les pédagogues, quand il parle de "contextes industriels de l'éducation" ou de "[production] de dispositifs de connaissance et d'apprentissage" ou encore de l'enseignant qui "fournit la matière première". Il met bien le doigt sur des questions essentielles, dans ses paragraphes 2 et 5: le passage de l'artisanat à l'industrie dans l'enseignement est-il inéluctable? quid du nouveau statut de l'enseignant dans cette nouvelle situation?

Pour contribuer au débat, je me permets de renvoyer à ma thèse où je prends position en plusieurs endroits pour la défense de l'artisanat et même du "bricolage" en pédagogie, et contre la division du travail (donc à l'opposé de ce que prône Valery). Voir en particulier le passage Tutoriel et rôle de l’enseignant d'où j'extrais la citation de Linard (1996):

Si la qualité de la médiatisation technique de l’apprentissage ne vaut que ce que vaut la médiation des hommes qui l’interprètent et la font vivre sur le terrain, alors il faut sortir de la division du travail entre les concepteurs et les exécutants de l’innovation qui prévaut encore dans la plupart des systèmes éducatifs (1996 : 116).

Je sais que mon point de vue est minoritaire, qu'il peut - paradoxalement - passer pour rétrograde, mais je maintiens que c'est un point de vue humaniste. Le seul vrai moyen pour l'enseignant de continuer à faire son métier d'enseigner, c'est d'assumer aussi bien la médiation pédagogique que la médiatisation. Voir le passage Pas de médiation sans médiatisation.

Nous aurons peut-être l'occasion de poursuivre ce débat autour d'une mini table ronde ou d'une tasse de café au MoodleMoot de Nantes bientôt?

Joseph, enseignant-bricoleur

En réponse à Joseph Rézeau

Re: Les aspects financiers/organisationnels d'une Formation ENTIEREMENT à Distance

par Valery Fremaux,
Loin de moi l'idée de prôner une telle transformation, Joseph clin d’oeil, je ne tente qu'une analyse à froid des tendances que j'observe et de l'impact des projets que j'aperçois. J'aurais tendance au contraire à louer précisément cette facture artisanale qui permet à l'enseignant de partger un "regard" sur la connaissance, original et permettant l'innovation mentale.
En réponse à Valery Fremaux

Re: Les aspects financiers/organisationnels d'une Formation ENTIEREMENT à Distance

par Daniel Méthot,
Avatar Moodleurs particulièrement utiles
Ouah!... J'ai du mal à vous suivre dans vos envolées lyrico-pédagogiques !
Mais bigre que c'est intéressant.
Moi je suis issu du "technique" et même carrément du terrain puisque mon premier "vrai" diplôme est un CAP ! Et mes seules formations "d'ingénierie pédagogique" comme on dit aujourd'hui datent de l'époque de l'ENSET, quand les IUFM n'existaient même pas...
A l'époque, j'avais un enseignant qui faisait de la "pédagogie non directive". En fait il faisait préparer ses cours par ses élèves-profs. Dans mon village du Jura on appellerais cela tout bonnement "la flemme".
Pour ce qui me concerne, j'ai pu faire évoluer ma pratique parce que depuis fort longtemps j'ai soumis mon enseignement à la critique de mes apprenants.
On encaisse pas mal au début mais le retour est gratifiant...
Cette notion de "droit du consommateur étudiant" fait souvent bondir nombre d'enseignants...
J'utilise d'ailleurs aujourd'hui pour cela, et avec bonheur, le module Questionnaire revu et corrigé par Joseph. Et cet après-midi encore je modifiais mon cours en tenant compte des remarques de ma dernière vague d'apprenants.

Je m'en tiens à des observations fondées sur l'expérience, du genre :
- Quand on est passionné on est passionnant.
- La pédagogie est l'art de rendre simples les choses compliquées.
- Etc...

Plus généralement, et pour en revenir à la question de départ il me serait difficile de donner des conseils à notre collègue bien que je me sois aussi lancé il y a deux mois dans la formation 100% à distance à Moodle sur un concept "hard discount " pour ce qui concerne les tarifs mais une implication à 200% en ce qui concerne le soutien et l'assistance de mes apprenants.
Je suis dans l'artisanat...

Je trouve que dans ce domaine les entreprises de formation s'appuient en général sur des outils et des services tellement coûteux que les tarifs à l'arrivée sont carrément "scandaleux".
C'est le règne du "bling bling" mais le problème c'est que si on ne fait pas illusion les résultats risquent d'être...illusoires !
Un peu comme ces restaurants attirants dont les cuisines laissent à désirer!

Les aspects financiers sont à gérer en fonction du positionnement tarifaire que l'on souhaite offrir à son client. Tout en découle... y compris les choix techniques, publicitaires, logiciels...
Par exemple dans mon cas c'est du 100% logiciels libres, mais pour des raisons éthiques j'ai prévu de financer ceux-ci par un pourcentage sur mon bénéfice annuel au prorata des utilisations des uns et des autres.
Sur le même principe l'organisation "administrative" est légère et "nomade".
Il ne faut pas oublier aussi, dans le cas d'une formation payante (sera-ce le cas ?) qu'un certain nombre de charges et de taxes pèsent directement sur le budget (TVA, URSAFF...). D'où le problème du type de société et de son statut fiscal. Mais peut-être suis-je hors sujet ?
En effet, il est fort possible que toutes ces remarques soient inutiles dans le cas qui vous intéresse. C'est pourquoi il est difficile d'apporter plus si ce n'est des encouragements pour tous ceux et celles qui entreprennent comme vous.

Bonne chance

Daniel

PS: Inutile de vous dire qu'avec cela je n'envisage pas de faire de safari au Kenya, mais que si j'arrive à financer mon Moodlemoot j'en serai déjà ravi !

En réponse à Daniel Méthot

Re: Les aspects financiers/organisationnels d'une Formation ENTIEREMENT à Distance

par Nicolas Martignoni,
Avatar Développeurs Avatar Développeurs de plugins Avatar Documentation writers Avatar Moodleurs particulièrement utiles Avatar Testeurs Avatar Traducteurs
>Inutile de vous dire qu'avec cela je n'envisage pas de faire de safari au Kenya, mais que si j'arrive à financer mon Moodlemoot j'en serai déjà ravi !

Tu as raison, le MoodleMoot est beaucoup mieux ! clin d’œil
En réponse à Daniel Méthot

Re: Les aspects financiers/organisationnels d'une Formation ENTIEREMENT à Distance

par Valery Fremaux,

En effet Daniel, ta situation relève plutôt de la formation permanente et continue, ce que de très nombreuses boîtes de formation dont en effet avec des succès et une qualité diverses.

Ce qui n'enlève rien de l'intérêt que peut représenter ton témoignage.

Le problème qui est discuté ici relève plutôt des instutions de formation première comme les Universités et les Ecoles d'Ingénieur, qui doivent diversifier aujourd"hui les zones de "chalandise" (vais en faire bondir encore, je commence à m'y faire). Les premières, parce qu'elles doivent de plus en plus construire des diplômes professionnalisant, ce qu'elles n'avaient pas l'habitude de faire. Quelqus chiffres : Années 60 : 25000 étudiants dans les facs, 20000 postes d'enseignant chercheurs en renouvellement. Aujourd'hui 250.000 étudiants en cycle universitaire... 20000 postes en renouvellement dans l'université... je laisse la conclusion à ceux qui voudront la faire.

 Pour les écoles d'ingénieur c'est un autre problème qui repose en un mot : Désindustrialisation massive. Les ingénieurs, on en a de plus en plus besoin en Inde, en Chine, au Pakistan, en Tunisie, en Roumanie, au Brésil. La délocalisation a commencé par les ouvriers, elle se poursuivra par les fonctions techniques supérieures. Que faire de nos ingénieurs ? Toutes les écoles se tournent vers la même et unique réponse : de la finance !! A commencer par X et Centrale, toutes les écoles majeures de l'industrie française arrêtent de faire de l'industrie de la matière pour faire de l'industrie financière. (Dans 30 ans, il n'y aura plus en France que des financiers et des patrons de camping...).

Les masters en ligne suivent un besoin simple : lorsque le marché historique s'appauvrit, il faut ouvrir de nouvelles portes. Certaines écoles n'ont aucun problème pour lancer des diplomes nouveaux. Je doute que Sciences Po ait du mal à "vendre" un nouveau débouché. Pour les écoles et universités des rangs 2 et 3 c'est moins sûr. Passer par la formation en ligne est un investissement non négligeable, mais garantit de pouvoir ouvrir la zone de chalandise au plus large (même ceux qui auraient eu du mal à accepter une délocalisation pendant la durée du diplôme). Les master en ligne ne relèvent pas a priori d'un désir d'amélioration pédagogique, mais surtout d'un accroissement de la portée marketing au recrutement.

Si les deux peuvent être obtenus, alors...

En réponse à Joseph Rézeau

Re: Les aspects financiers/organisationnels d'une Formation ENTIEREMENT à Distance

par Fred Quay,
Je viens de lire un article (L'inéluctable gratuité ?) de Francis Pisani sur son Blog Transnets, qui m'a amené à la lecture de celui-ci : Mieux que gratuit : le business model réinventé, une traduction d'un texte intitulé Better than free et écrit par Kevin Kelly. L'auteur pointe que dans l'univers de la (pseudo) gratuité numérique, une création doit réunir 8 caractéristiques (les 8 génératrices) pour prétendre générer des revenus... Je cite :
  • "Immédiateté : pour une application web, cela consiste en une garantie de service (hébergeur sérieux, réactivité, etc), liée à l'accessibilité ;
  • Personnalisation : la gestion sémantique des individus et de leurs relations au sein d'un intranet requiert quelques adaptations coûteuses par exemple ;
  • Interprétation : une formation payante des futurs utilisateurs aux enjeux de son identité en ligne peut être envisagée, il en va de même pour le support ;
  • Authenticité : l'assurance de l'identité d'une personne via croisement avec un tiers de confiance (État, banque, etc) est ce qui manque au web actuel (comptes pro ?);
  • Accessibilité : l'objectif est de pouvoir l'installer sur son propre serveur mais rien n'empêche d'héberger le service et de créer des comptes payants pour les personnes ne souhaitant pas mettre les mains dans le cambouis ;
  • Incarnation : pour une application web, on peut aujourd'hui associer cette génératrice à la communauté qui l'anime (comptes pro ?) ;
  • Mécénat : je suis moi aussi persuadé qu'une rémunération basée sur le don est jouable si elle est bien présentée/sincère et si le service propose une réelle valeur ajoutée ;
  • Trouvabilité : certaines requêtes complexes/non standards sont envisageables et monétisables.
En suivant les 8 génératrices, on arrive assez facilement à dégager un business model intéressant à partir d'un produit gratuit."

Cela a l'air facile comme ça incertain...