Bonjour Séverin
Les remises en question sont toujours bénéfiques même si elles n’aboutissent pas à un changement. Elles permettent d’affirmer des choix ou ouvrir de nouvelles perspectives et cela d’autant plus qu’elles ne se font pas uniquement en interne. Ton sujet est donc tout à fait passionnant.
Professeur dans l’enseignement secondaire, j’ai également une approche différente de celle qui est souvent perçue dans le milieu universitaire, les conditions de maintenance et de gestion étant différentes. Nous ne disposons pas en interne d’un service informatique dédié ainsi que d’informaticiens maîtrisant les différents langages , la programmation ou ne fusse que d’un service de designer.
Plutôt que d’envisager l’utilisation d’une nouvelle plateforme chaque année, qui, comme vous l’avez déjà rappelé, nécessite beaucoup de travail de mise en route, à chaque nouvelle année, même si, au fil du temps, cette opération, devenant répétitive a alors tendance à s’automatiser de par, justement, le fait qu’elles deviennent répétitives. Elles peuvent donc déboucher sur de nouvelles pratiques intéressantes pour la mise en route de plateformes auprès de nouveaux établissements primaires, secondaires et hautes écoles, par exemple. Aussi, de par mon expérience, je préconiserai parfois l’utilisation de plusieurs plateformes simultanément.
En voici quelques raisons.
La mise en route et l’installation d’une nouvelle plateforme est chaque fois l’occasion de repartir d’une feuille blanche. De se reposer de nombreuses questions relatives à l’ergonomie, le design, la pédagogie, l’utilité et les objectifs poursuivis.
Ces derniers temps, les versions de moodle s’enchainent rapidement et régulièrement, apportant chaque fois leurs lots de nouveautés et c’est tant mieux. Le fait de repartir à blanc supprime, un nombre parfois important d’adaptations pour les gestionnaires et techniciens.
C’est aussi l’occasion de vérifier la fréquence d’utilisation de certains plugins et leur maintien ou non sur la plateforme. Plus de plugins offrent plus de possibilités, moins de plugins offrent plus de réactivité, plus de simplification, surtout pour les infrastructures supportées par de petits
serveurs.
Plusieurs plateformes permettent aussi d’adapter au mieux l’interface au niveau des apprenants. Dans l’enseignement primaire, ou secondaire, les besoins sont fort différents au fil des degrés. L’ergonomie et le design d’une plateforme moodle doivent être totalement différents suivant que l’on a affaire à des élèves de 8-12 ans, de 12-14, de 14-16 et de plus de 16 ans. C’est pour cela je trouve intéressant de pouvoir, par exemple, disposer d’une plateforme par tranche d’âges.
Bien sûr on peut changer le
thème de chaque cours, on peut aussi adapter le thème en fonction du device, mais le thème de base est pour l’ensemble de la plateforme.
Une plateforme par degré, dans l’enseignement secondaire peut avoir tout son sens si on le perçoit comme un défi lancé à 3 équipes de professeurs, enseignant dans des niveaux différents. La pédagogie qu’ils vont développer, les solutions qu’ils vont mettre en place ne seront pas nécessairement identiques pour les 3 degrés. Cela pourra, lors de journées pédagogiques, apporter des partages intéressants. Le fait de pouvoir paramétrer l’interface et la communication générale au sein de chaque plateforme permet une optimalisation de la communication et de la pédagogie.
Il existe de nombreuses plateformes dites pédagogiques et on pourrait également faire une distinction entre les plateformes à caractère pédagogique et celles s’occupant principalement de la partie administrative ou organisationnelle d’une plateforme. Si la fonction administrative et organisationnelle d’une plateforme unique au sein d’un établissement scolaire peut facilement trouver sa raison d’être, elle ne l’est pas nécessairement pour la partie pédagogique. Moodle étant principalement orienté pédagogie et pas gestion d’un établissement scolaire.
Actuellement, nous ne trouvons pas de plateformes qui puissent proposer une solution unique englobant la partie pédagogique et la partie administrative. Nous devons alors nous tourner vers des solutions hybrides, d’où des coûts en augmentation. Avec, à la
clé, des outils qui ne sont utilisés que pour une partie de leurs possibilités à chaque fois, sans pour autant pouvoir bénéficier de l’ensemble des possibilités des différentes plateformes retenues.
Le fait de disposer de plateformes par degré permet également plusieurs avantages.
• Une infrastructure moins exigeante en termes de puissance de serveurs de par le nombre d’utilisateurs et donc des coûts aussi plus facilement imputables justement.
• En cas de panne d’une des plateformes, seulement une partie de l’établissement est paralysé. Avec la possibilité de disposer rapidement d’une autre plateforme, directement opérationnelle, dans laquelle il suffirait d’importer le
backup des cours d’une autre plateforme.
• La formation de plusieurs « équipes » de gestionnaires et donc la
capacité à assurer au fil des années la permanence de la gestion des différentes plateformes.
• La diminution de la charge de responsabilité de chacune des équipes de gestion de chaque plateforme.
Au cours de leurs 6 années du secondaire, nos élèves doivent acquérir de nombreuses
compétences numériques et cela au travers des différentes plateformes bureautiques habituellement utilisées en entreprise ou dans l’enseignement supérieur, le fait d’avoir appris au travers de ces différentes solutions (Microsoft, Google, Linux, solutions propriétaires,..) au fil des différents degrés leur procure un savoir et un savoir-faire des plus utiles ainsi qu’une capacité d’adaptation à des environnements nouveaux.
Outre le fait que ces environnements évoluent également, leurs possibilités techniques n’étant pas les mêmes on peut également envisager un choix de ces outils en fonction de leurs possibilités techniques. Je préconiserai l’utilisation de Google Sheet pour les 14-16 ans et Excel pour les 16-18 par exemple.
Cela permettrait également de pouvoir mettre l’accent sur les principes et les procédures plutôt que sur des commandes à aller cliquer dans des menus ou des barres d’outils.
Un dernier mot pour la
moodlebox qui pour moi est un outil trop peu utilisé pour la formation des futurs enseignants. Avec la moodlebox, chaque futur enseignant à la possibilité de développer lui-même sa créativité, son interface pédagogique et ses séquences d’apprentissages. Un grand nombre de TFE pourraient dès lors porter sur la création d’
activités numériques ou de séquences de cours dans différentes disciplines permettant ainsi à la communauté moodle de disposer par la suite d’une vaste bibliothèque pédagogique intéressante et aux nouveaux diplômés de bénéficier d’une reconnaissance dès leur accès à la profession.