Alors qu'historiquement l'activité Atelier a été développée spécifiquement par Martin Dougiamas dans le cadre de ses travaux sur l'évaluation et en particulier l'évaluation par les pairs, très peu d'enseignants l'utilisent réellement.
Probablement d'une part parce qu'il est très compliqué d'en rendre la notation intelligible. Mais surtout parce que cela ne colle pas au modèle consacré (et largement surfait) de la "juste notation" qui permettrait une "évaluation objective".
Atelier fait partie de la préhistoire de Moodle, quand on s'imaginait que l'évaluation par les pairs pouvait être une bonne idée. Mais cela ne s'est pas accompagné d'une désacralisation de la "note" qui garde un poids exagéré dans la
validation des études.
Si on tient absolument à faire fonctionner Atelier avec son mécanisme d'évaluation par les pairs il faut s'astreindre à :
- préciser les quelques critères d'évaluation (deux ou trois, pas plus) dans le cahier des charges ;
- le barème est réduit à trois ou quatre valeurs :
Hors sujet (0), Passable (1), Bien (2), Excellent (3) ;
- dissocier la notation de l'enseignant de celle des pairs (souvent bcp plus exigeants dans leur notation d'autrui) ; les deux ne devraient pas non plus porter sur le même domaine d'évaluation.
Car autant par exemple il est légitime de demander à un étudiant si la contribution d'un de ses pairs lui a été utile, lui a ouvert des perspectives, a renforcé sa compréhension d'une question, autant il n'est pas opérant de le placer en situation d'expertise pour évaluer la production de ses pairs.
Produire des notes n'est pas une activité anodine ; la légitimité de
celui qui évalue est posée comme un principe intangible. Accepter
l'évaluation par les pairs est en contradiction de ce préjugé.
Il me semble que l'évaluation
des compétences, qui pose bien clairement la question de l'expert
référent, est mieux adaptée à notre système éducatif et participe plus efficacement chez l'apprenant à la prise de conscience de ses réussites et de ses lacunes.